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C'est le moment pour le G7 de mettre dans la balance le poids de sa grande responsabilité

Michaëlle Jean, sécretaire gérérale de l'Organisation internationale de la Francophonie

Supplément spécial au G7 Canada: The 2018 Charlevoix Summit,
John Kirton et Madeline Koch (dir.), GT Media, 2018
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Michaëlle Jean, sécretaire gérérale de l'Organisation internationale de la FrancophonieLe Sommet du G7 de Charlevoix, sous présidence canadienne, se tient à un moment très particulier dans la vie internationale. En effet, ces dernières années, l'efficacité du système multilatéral a été sérieusement remise en cause par certains états, et dans les opinions publiques, on aura noté un certain scepticisme quant aux vertus de l'action collective et de l'intégration régionale. La perte de confiance est manifeste. Voyez ne serait-ce que les fractures au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies et combien elles pèsent sur la résolution de nombreuses crises internationales. Voyez le recul également de l'intégration européenne avec le Brexit. Voyez les risques croissants de guerre commerciale entre les grands espaces économiques mondiaux, et par conséquent, la marginalisation de l'Organisation mondiale du Commerce.

Malgré sa nature informelle, le G7 peut mettre dans la balance le poids de sa grande responsabilité, mobiliser les institutions internationales autour de priorités largement partagées et s'assurer que des réponses efficaces et inclusives soient apportées.

L'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), qui rassemble 84 états et gouvernements sur les cinq continents, salue la pertinence des thèmes retenus par le Canada pour ce G7, car ils correspondent très largement aux actions que l'OIF met en œuvre au sein de l'espace francophone. L'importance accordée à l'autonomisation des femmes et des filles, par exemple, est au cœur de la programmation de notre organisation, qui en a fait une priorité transversale qui s'impose dans toutes les actions que nous entreprenons et en particulier dans le domaine économique. L'OIF s'engage fortement pour augmenter la participation des femmes au marché de l'emploi et mettre de l'avant leur apport indéniable à la croissance économique de leur pays, en déployant et en soutenant, notamment en Afrique subsaharienne et dans l'océan indien, des structures de type incubateurs, accélérateurs, espaces collaboratifs qui rassemblent et accompagnent, de manière structurante, ces milliers de très petites, petites et moyennes entreprises et industries pour un passage à l'échelle. Ces initiatives économiques qui sont autant de moteurs de productivité, qui génèrent des activités souvent très innovantes et impulsent des chaînes de valeurs, sont en très grand nombre portées par des femmes et des jeunes entrepreneurs, des forces vives dont on ne peut se passer et un capital humain dans lequel il faut investir pour un regain de prospérité. C'est pourquoi l'OIF accompagne le renforcement des capacités et des compétences, celui des institutions également, comme la mise en œuvre de législations nationales pour l'amélioration de l'environnement des affaires, la revitalisation et la consolidation des écosystèmes économiques. À ce titre, l'OIF a même constitué un réseau des ministres des finances de ses pays à plus faible revenu, unis et soutenus désormais dans leurs discussions avec les institutions financières internationales, notamment le Fond mondial international et la Banque mondiale.

Toutes ces actions contribuent véritablement à assurer au sein de l'espace francophone la diffusion d'une croissance économique inclusive, responsable, partagée, qui profite à tout le monde, autre priorité du G7 pour le Sommet de Charlevoix.

La réalisation de l'Agenda 2030 nécessitera des financements considérables pour les pays en développement. Alors que le recours au secteur privé, aux côtés de l'aide au développement, fait l'objet d'un intérêt grandissant, notamment pour le financement des infrastructures, les pays en développement ont besoin d'outils de pilotage qu'ils maîtrisent pour éviter de conclure des partenariats public-privé déséquilibrés et de sombrer dans la reprise d'un cycle de la dette. Il est donc souhaitable que le G7 appelle les institutions financières internationales à renforcer leur assistance technique aux pays en développement sur ces questions.

S'agissant des emplois de l'avenir, cette question cruciale qui est aussi au programme du G7 préoccupe l'ensemble des pays, avancés ou en développement, car les révolutions technologiques en cours, portées par l'intelligence artificielle, les transactions par blocs de chaîne et les cyber monnaies, vont transformer toute la sphère du monde du travail, donc des millions d'emplois, à très court terme. Si le G7 encourage la recherche et l'innovation parmi ses membres sur ces questions, il a aussi une responsabilité à l'égard des pays en développement, que ces ruptures technologiques risquent d'exclure de ce nouveau paradigme de la mondialisation. L'OIF travaille déjà sur ces questions, qui ont des répercussions économiques majeures mais comportent aussi des impacts sur les plans culturel et politique, sachant aussi que les centres mondiaux, les grandes multinationales qui ont la gouverne de ces innovations sont en majorité ailleurs que dans les pays francophones qui doivent encore rassembler plus vigoureusement leurs forces, leurs réalisations, leurs capacités et leurs expertises en la matière. Le G7 devrait mobiliser les institutions financières internationales pour évaluer l'impact de cette nouvelle révolution numérique dans les pays en développement en termes d'emplois et de modes de production. En outre, la question d'une régulation mondiale de ces activités, actuellement développées par des entreprises multinationales monopolistiques, devrait être à l'ordre du jour du G7 comme des autres enceintes internationales pour les années à venir.

La question des changements climatiques, des océans et de l'énergie propre est un autre sujet majeur de préoccupation. La Francophonie attend du G7 que la dynamique de l'Accord de Paris en 2015 soit maintenue, s'agissant notamment du financement de l'adaptation aux effets dévastateurs du réchauffement climatique dans les pays les plus pauvres. Notre organisation est très impliquée sur ces questions, à travers l'Institut de la Francophonie pour le développement durable basé à Québec, qui accompagne nos états et gouvernements dans les négociations internationales ainsi que pour élaborer et mettre en œuvre leurs plans nationaux de développement durable. Les récentes réunions tenues dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques ont montré que le sentiment d'urgence qui a permis la conclusion de l'Accord de Paris tendait déjà à s'affaiblir. La Francophonie compte sur la présidence canadienne du G7, comme sur la France, pour maintenir et renforcer la cohésion internationale sur ce sujet, malgré les positions de la nouvelle administration américaine.

S'agissant des questions de paix et de sécurité, l'espace francophone n'est malheureusement pas épargné, ni par les crises régionales ni par les menaces asymétriques du crime transnational organisé et les attaques terroristes. L'OIF est très mobilisée pour accompagner ses états membres concernés dans leur lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent, une problématique qui comporte des dimensions aussi bien culturelles qu'économiques, au-delà de l'aspect sécuritaire. La Francophonie est aussi un partenaire important des Nations Unies dans la formation des personnels et contingents déployés dans le cadre des opérations de maintien la paix dans les pays francophones. Nous espérons que le G7 saura mobiliser des ressources nouvelles pour faire face à ces défis, et nous saluons l'importance accordée au rôle des femmes dans la prévention et le règlement des conflits.

Je souhaite le plein succès de cet agenda ambitieux lors du Sommet de Charlevoix. La présidence canadienne comme la future présidence française savent qu'elles peuvent compter sur l'engagement, la forte contribution, le dynamisme et la plus value de la Francophonie pour qu'au cœur de la mondialisation cet humanisme intégral et universel qui nous définit puisse triompher.

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